Ça fait bien longtemps maintenant, un sacré bail même, ça doit se compter en années (voir en décennies ?)… C’est quelque chose qui est significatif chez moi. Qui, je crois, peut même me caractériser quand je pense à la personne que je suis. J’ai ça en moi et j’ai terriblement de mal à le gérer, à composer avec, à “m’y faire”… car j’aimerais simplement que ce ne soit pas le cas. Mais voila : j’ai peur. J’ai tout le temps peur, peur de l’échec, peur de mal faire, peur de ne pas être la bonne personne ou de ne pas être “à la hauteur”.
Paraît-il que l’on traine tous nos petits baluchons, notre petite valise de nos ressentis passés qui font notre “nous” actuel. Cette petite valise peut contenir du positif comme du “négatif”, c’est simplement la somme de notre vécu et de ce que l’on continu, consciemment ou non, de porter encore avec nous au quotidien. Certains savent très bien s’en défaire, d’autres (je vous laisse deviner dans quelle équipe je suis !) ont tendance à tout garder et à avancer avec un excédent de bagages émotionnels infini. Et bien mon moi a toujours été en déficit de confiance en soi. C’est tout simplement LE problème de ma vie. Je ne sais pas et je n’arrive pas à avoir confiance en moi.
Ce problème de confiance en soi j’ai bien du mal à l’expliquer. Je suis, pour les autres (mes amis, mes proches), quelqu’un de motivant, d’encourageant, de dynamisant. J’ai l’impression de savoir valoriser les autres mieux que je ne saurais jamais le faire pour moi. C’est assez paradoxal quand on y pense. Comment puis-je être si positive pour les autres et si négative ou dubitative à mon propre sujet ? Je suis perplexe… J’essaie par contre de ne pas me comparer même si parfois c’est inévitable.
Professionnellement et personnellement, c’est une vraie entrave. Cette peur m’empêche souvent de dire “Non” aux gens. Du coup, je me retrouve dans des situations où je n’ai voulu dire non à personne et où je fais “mal” les choses sans le vouloir. J’ai juste du mal à m’imposer assez, à savoir que je peux faire telle plutôt que telle chose, tel plutôt que tel choix. Du coup, je me retrouve dans l’embarras… Ça continue de me faire me questionner, de douter sans cesse, de me remettre en question. Et finalement, je me rends compte que je suis souvent passée à côté de projets, d’avancées dans ma vie à cause de cela.
Peur, créativité et “réussite”, c’est possible ?
J’en ai conscience : une part de ce questionnement fait étonnement partie de mon processus créatif. Que ce soit il y a 10 ans en école d’arts appliqués ou maintenant, le fait de me remettre en question et de douter, d’avoir peur… c’est aussi un vecteur de renouveau pour moi. Je me rappelle qu’à l’école de stylisme, je recommençais parfois tout un projet d’un coup, sur un coup de tête car je n’étais pas sûre de moi. Parfois c’était vraiment mieux, parfois je retournais au premier projet mais bien souvent j’avais vrillé à un moment donné.
Je sais aussi qu’aujourd’hui, en 2020, je fais l’autruche face au projet de mes rêves. Je recule l’échéance, je fais la “morte”, je laisse le temps filer. Pourquoi ? Parce que c’est “trop beau pour être vrai”, parce que c’est pile ce dont je rêve et qu’échouer me tétanise. Parce que quand j’y pense je me dis que je ne serais jamais assez bien, assez créative, assez dynamique, assez assez assez… Ouais, c’est le bordel hein. Pourtant, c’est VRAIMENT un rêve. Un truc que je n’aurais jamais osé ne serait-ce qu’essayer, tu sais ce genre de rêve que tu mets dans la case “impossible” dans ta tête ? C’est celui là. Je crois avoir toutes les capacités pour faire de ce rêve ma réalité et pourtant… je roule avec le frein à main. Je m’arrête sur des conneries, sur des choses qui seront “imparfaites” mais c’est pourtant normal que tout ne soit pas parfait du premier coup ? Et puis, je crains que ce soit un échec. Et cet échec me ferait mal au coeur alors pourquoi me l’imposer ?
Dans le fond, je crois que le problème pour moi c’est cette dualité autour de l’échec et de la réussite. J’ai toujours eu du mal à accepter de ne pas réussir à faire quelque chose. Et pourtant, je suis de ceux qui s’acharnent, qui se forment sur plein de choses, qui apprennent non stop de nouveaux savoir-faire. Un jour ou l’autre, je parviens à mon but (bon parfois j’abandonne hein, mais c’est que ça me tient pas tant à coeur à ce moment donné). J’aimerais “réussir” sans savoir réellement ce que cela signifie pour moi. Ce n’est pas une question d’argent, ni une question de renommée.
Du coup, c’est quoi la réussite ? J’ai l’impression que c’est une quête d’équilibre, de trouver ce qui fera de moi cet être stable et confiant, loin d’une routine qui me rongerais je le sais.
Je n’ai pas encore trouvé la solution, le déclic qui me fera me lancer malgré mes peurs et ENFIN avancer. Je cherche, je cherche, je cherche. L’ironie dans cette histoire c’est que la plupart de mes proches ou des gens que je rencontre ne me voient pas du tout comme ça. Pour eux, je ne suis pas pleine de doutes, de craintes et de manque de confiance. Pour eux, je suis la fille aux 1000 projets et à la personnalité originale.
Alors parfois, j’aimerais juste pouvoir avoir ce regard là sur moi.
Gabrielle
Il est très très bien écrit cet article. C’est fou comme tu renvoies bien souvent le contraire de ce que tu ressens vraiment. Je l’ai longtemps vu comme une personne sûre d’elle, de ses envies, qui sait où elle va. Et, même si ce n’est pas le but, cet article ne me fait pas changer d’avis pour autant. Même si tu passes par pas mal de chemins pour traiter l’info, je le sais, tu SAIS où tu vas 🙂
Ca va le faire. Crois en toi !
Claire
Tout est une question de posture… Je l’ai compris aujourd’hui… Tout ça c’est dans notre tête, les autres peuvent percevoir notre manque de confiance en nous et la ils en profitent et tout dépend de la posture que l’on a devant ces gens… Tout dépend de ça… 😊